La transparence est ma façon de resplendir
Ici commence le court bonheur de ma vie, écrit Rousseau dans Les Confessions. Ici commence pour moi la rencontre d’une pensée, d’un lieu, d’une lumière, d’un jardin…et après, plus loin, plus tard, celui d’un paysage. La nature est un temple, le paysage lui, est à réinventer sans cesse.
Regarder le paysage comme on regarde un visage, m’y promener, m’y arrêter, m’y projeter, puis laisser le regard se mêler aux rêveries du paysage. Une bande sonore accompagne le paysage, temps suspendu, frémissement de l’eau,voix féminine lit,dit, respire des mots choisis, inspirés par Jean-Jacques Rousseau, point de contact entre la musicalité de l’eau en cadence avec la musicalité de la langue, et la lumière du paysage.
Dans l’espace du jardin, surfaces colorées de teinte rouge vif, dialoguent avec les verts lumineux des pelouses, au rythme du temps et de la lumière venue du ciel. Images circulaires offertes au vent, à l’air, au fond de l’air, semblables à des bulles de lumières, transparentes et légères, ouvertes sur l’espace du jardin. Une rencontre entre le dedans et le dehors, ici, dans ce lieu, transfigurer la matière, rendre sensible l’espace poétique du temps, transformer le jardin en vision, confronter l’opaque et le transparent, explorer la variation de l’écart d’un entre deux de la lumière, entre deux moments, deux motifs, deux fragments.
Photographier la maison de l’intérieur, lignes d’ombres sur le sol, chambre rouge tapissée de fleurs entrelacées, empreintes de bonheur derrière la porte, tissu drapé de bleu, un miroir comme une absence en écho, des couleurs sur les murs effacées…Une mémoire palpite dans ce lieu, en saisir une présence tangible, visible, à travers mes photographies.
Je photographie pour tenter de répondre à des questions, des questions justes en images : exploration qui m’anime au plus profond et me donne vie, "Et le bonheur me suivait partout : il n’était dans aucune chose assignable, il était tout en moi-même, il ne pouvait me quitter un seul instant ", écrit Rousseau, dans les Confessions, livre VI.
Aurore de Sousa
08/04/2013