Tendre le regard vers le mouvement du ciel, photographier l’infinitude de ses variations. Désir de lever les yeux et de voir loin dans la transparence de l’air, puis inviter le regard à plonger dans les entrailles de la terre à travers le ciel et par delà l’espace.

La photographie m’aide à voir. D’une manière générale, je photographie davantage ce que je sens plus que ce que je vois, c’est dans ce sens que je peux dire que mes photographies sont des sensations traduites en images, formes, couleurs, lumières…

Dans "La terre est faite de ciel", Il s’agit pour moi de créer un ensemble d’images entrant en résonance avec l’architecture d’un lieu situé dans un jardin. Ensuite tout s’organise autour d’une construction en spirale, et de ma fascination pour les ciels et ses infinies variations. Pour ce travail, la prise de vue est argentique, le traitement de l’image est numérique. Le temps est la matière première de mon travail, il est aussi substantiellement lié au médium que j’utilise : le film (appareil photographique). Pour moi la photographie n’arrête pas le temps, elle le déroule, elle le dévoile. La question du temps est évoquée dans ce travail par la spirale qui suggère un mouvement de temps ondulatoire, de temps en élévation, allant de bas en haut et inversement, un temps tourné vers la mémoire du ciel et de la terre, d’où le choix du titre, La terre est faite de ciel.

Le titre de la série : "La terre est faite de ciel", me fut inspiré par un poème de Pessoa.

La mort est le tournant de la route
Mourir, c’est seulement ne pas être vu
Si j’écoute, j’entends tes pas
Exister tout comme moi j’existe
La terre est faite de ciel
Le mensonge n’a pas de nid
Jamais personne ne s’est perdu
Tout est vérité et chemin

Fernando Pessoa
Poèmes, édités par C. Bourgeois.