Ma Mère, I, 2002

9 photographies
18 x 24 cm

Cette série s'ancre dans mon désir de mettre en scène un portrait que je possède de ma grand-mère paternelle que je n'ai pas connue. J'ai imaginé son image comme une apparition s'inscrivant sur la trame d'un tissu brodé par elle ; ce tissu, une nappe qui servait à décorer la table les dimanches de fête, particulièrement le dimanche de Pâques. Cette nappe brodée par ma grand-mère devient écran sensible sur lequel apparaît et disparaît sa trace lumineuse : la broderie renvoie à une technique principalement réservée aux femmes depuis l'Antiquité, mais aussi aux liens existant entre la broderie, la femme, et l'histoire de l'art.

Sur ce portrait, elle a 41 ans, c'est–à–dire le même âge que moi au moment où j'ai réalisé cette séquence. De ma mère, je ne sais presque rien et, à partir de l'unique portrait que je possède d'elle, je souhaitais raviver le souvenir de son image en lui redonnant du mouvement grâce à la lumière. J'ai donc photographié son portrait sur le quel je superpose une autre image par projection ; cela devient en quelque sorte une image dans l'image. Ce qui m'anime ici, c'est de signifier la notion de l'écart imperceptible qui existe dans le passage d'une réalité visible à une autre à partir d'un point unique.

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